014 - Restore Hope

Amnésie - Quand il n'y a plus d'espoir...

22/01/2013 Pas d'espoir ! Non pas d'espoir ? Mais si...
Pas d'espoir ! Non pas d'espoir ? Mais non,  il y en a toujours ....
NO HOPE ! ….NOOOOOO  ! HOPE bien sûr.

Ce petit récit est avant tout une fan -fiction d’un auteur dont j’apprécie beaucoup les textes et je lui ai  emprunté le premier paragraphe « en rouge » et ses personnages avec son accord. J’espère être à la hauteur de son talent (non non ne te cache pas !!!).

« Je suis désolé pour tout Caroline, mais je n’avais pas le choix. Appelle ça fuir, ou ce que tu veux, je l’ai fait pour toi. Je me devais de te protéger, si pour ça je ne dois plus te voir alors, j’en prends le risque. Ne m’en veux pas, je sais que tu ne comprendras pas, mais je ne peux pas tout te dire, t’es déjà en danger à l’heure qu’il est. Prends soin de toi, promets-moi de faire attention à toi, tu mérites d’être heureuse avec quelqu’un de normal. T’es la meilleure personne qui soit arrivée dans ma vie, t’es ma meilleure amie, je t’oublierai jamais, sois en certaine. Au final, quoiqu’on fasse, peu importent  les choix qu’on fera, on se retrouve toujours seul face aux conséquences. Je t’aime aussi, mais ça, je ne le dirais pas deux fois.
Fabien, celui que tu vas détester. »



Elle chiffonne la lettre, et la jette par terre d’un mouvement désabusé. Elle se lève et se dresse à sa fenêtre comme si elle espérait l’apercevoir encore, et lui dire ses quatre vérités. Pas une âme qui vive ne se montre dans l’obscurité, et personne dont la silhouette  lui rappellerait quelqu’un de cher très cher à son cœur. Elle se sent si seule, maintenant, abandonnée des personnes qui comptaient le plus pour elle. Son amie morte et maintenant lui....

Non ! elle ne va pas le laisser sans tirer encore à si bon compte, elle enfile un long manteau et met en route sa voiture, elle se fie à son instinct et aux bruits de la nuit. Le pied au plancher, elle file dans les quartiers chauds là où elle pense trouver  Lady Proserpine. Et au détour d’une ruelle, elle l'aperçoit debout au milieu de la rue. Elle ne prend même pas le temps de se garer et de couper le contact.

« Fabiennnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn ! » Elle court vers lui et comme une vision au ralenti, elle le voit qui se retourne, il lui crie de fuir.  Non il ne va pas s’en réchapper comme cela !!! Elle continue sa course, et soudain les balles sifflent à ses oreilles, une douleur fulgurante la cloue sur place, elle voit Fabien qui s’écroule au sol et elle réussit à se traîner jusqu’à lui. Elle le voit les yeux ouverts le regard vide, le pire est arrivé, il a la tête en sang, il ne respire plus. En larme elle pose la tête sur son épaule, au loin elle entend vaguement les sirènes et puis c’est le trou noir.

Deux mois plus tard….

Mélissa regardait au travers de la vitre de la salle de réanimation. Elle s’était prise d’affection pour eux, ces tourtereaux qu’elle appelait ses inséparables. Cela faisait deux mois qu’ils étaient là, on les avait retrouvés serrés l’un contre l’autre, ils  avaient reçu plusieurs balles dont une qui pendant son extraction avait failli coûter la vie au jeune homme. Ils étaient arrivés en même temps et faute de place, ils avaient été installés dans le même box. Ce jour-là il y avait une recrudescence des agressions et toutes les urgences étaient saturées.

Le cœur du jeune homme avait cessé de battre plusieurs fois pendant l’intervention. Mais Mélissa n’avait eu de cesse de le ramener à la vie. Même le Professeur Enock éminent chirurgien voulait jeter les gants pour lui et ne se concentrer que sur la jeune fille.

Lili revient du couloir en frissonnant :
« Brrrr quel personnage sombre ce magicien noir, je viens de le croiser dans le couloir, l’œil glauque les cheveux noirs filasses avec son espèce de crosse blanche, et en plus il me refile un prospectus… Erf. !!!! Ben non elle regarde de plus près ce n’est pas un prospectus c’est une lettre. Tiens Mél regarde.  Mélissa prend le papier et le fourre dans sa blouse.



Elle sentait quelque chose de bizarre, encore ce magicien aux yeux blancs avec sa crosse, elle relut la lettre et elle comprit. Elle sentait en elle que c’était vital pour la jeune fille que le garçon reste en vie. À chaque fois que le cœur du jeune homme s'arrêtait, le rythme de celui de la jeune fille diminuait, et chaque fois, qu’elle le ramenait à la vie, celui de la jeune fille repartait aussi. Plusieurs fois, elle avait déjà lutté contre la mort, et elle n'allait surtout pas la laisser gagner cette fois là. Maintenant ils étaient stabilisés, mais toujours dans le coma l’un semblant attendre l’autre pour revenir à la vie. Le Professeur Enock avait observé Mélissa du coin de l’œil et son cœur battait de fierté à ce qu'elle avait accompli.

Fabien : Je l’entends qui m’appelle je me retourne Elle ! et soudain un éclair noir devant les yeux. Vite ! Que je meurs avant de l’entraîner avec moi dans ma chute, mon malheur. C’est le noir je ne vois rien, juste le feu qui couve sous mes pieds, j’avance et soudain je vois la trappe qui s’ouvre. Les flammes de l'enfer en sortent. C’est ma planche de salut, ma seule chance pour sauver Caroline. Je dois plonger pour la libérer. Je suis au bord et avant de sauter je ne peux retenir  mon cri « Carolinnnnnnnnne ». Mais on me retient !!!  En plus par mon piercing, je me débats, il s’arrache je retourne vers mon salut. « Carolinnnnnnnnne » On me retient encore par la tresse de mon bouc et par mes cheveux,  je sors mon couteau un blackfoot authentique avec les rivets !.  Je me débats,  je coupe mes tresses, mon bouc, mon couteau m’échappe des mains et tombe dans la fosse. J’allais plonger de nouveau et cette fois je sens encore une résistance, mon tee-shirt à l’effigie de l’album The Black Stone du groupe polonais DarkStorm !!! Erf, je ne peux plus lutter, je sens cette poigne de fer qui me remonte lentement sous la surface et m'arrime au bord, je vois la lumière au travers du disque voilé mais je ne peux pas le traverser….Je suis condamné à attendre.

Caroline : Ahaaaaaaaaaah je tombe dans ce puits de lumière. Je flotte entre deux eaux, je nage dans cet océan bleu ciel, je cherche Fabien, je ne le vois pas. Mon piercing s’agrippe aux algues, je m’en libère. Je retourne proche de la berge, je grimpe je regarde tiens il me semble qu’il est par là. Je replonge, encore à chaque fois je crois l’apercevoir. Je replonge. Mais je n’en peux plus. Je m'effondre sur la berge, je regarde la surface de l'eau, incapable de replonger… Je suis condamnée à attendre.

"Professeur Enock, Professeur Enock !!!", Mélissa courait derrière lui, elle voulait lui parler de ses tourtereaux. Le grand professeur à barbe blanche était un peu bourru et Mélissa l'avait en haute estime pour son savoir et malgré tout elle l'aimait bien. Il s’arrête très imbu de lui-même et regarde Mélissa de toute sa hauteur, il lui sort d’un air hautain,« Plaît-il ? Que me voulez-vous ? ». Il avait un rang à tenir, il fallait qu'il garde sa superbe pour forcer le respect. Pourtant il aimait bien cette infirmière. Elle avait fait ses premiers pas dans ses traces, il était fier d'elle mais il ne pouvait lui montrer. Cela n'était pas dans l'éthique d'un grand professeur d'avoir un faible pour une infirmière. Il fallait donc qu'il lui montre le plus de froideur possible. Mais elle était toujours vers lui en admiration.

« Voilà Professeur j’ai lu dans le scientific-journals les dernières recherches du professeur Déborah Lambert. Et elle me semble avoir trouvé quelque chose qui pourrait aider mes inséparables, je voulais en discuter avec vous pour les mettre en pratique ».

« Ah vous savez lire !, ben dites donc, vous m’en direz tant !, et en plus les travaux d’une femme pfff comme si cette Déborah pouvait s’y connaître dans ces cas là !. Quand je dis que certains postes ne devraient être que pour les hommes ».

Mélissa, dépitée les larmes aux yeux, reparti à son poste de travail pour continuer à dispenser ses soins. Elle avait bien lu l’approche du professeur Lambert sur la « démarche tactile » et elle est persuadée que cela l’aiderait à briser le sort de ses tourtereaux. En fait cette méthode consistait à prodiguer des soins aux patients comateux comme s’ils étaient en vie, en leur parlant ou en faisant du bruit autour deux. Mélissa avait sa petite idée pour adapter cette méthode aux conditions locales mais elle n’était pas sur que cela marcherait. Pendant sa pause, elle réussit à joindre le professeur Lambert et avait tout de suite sympathisé avec elle, à tel point qu'elle s’appelait par leurs surnoms.

< Et tu dis Mèl que quand le garçon partait la fille aussi, et quand tu le ramenais elle aussi revenait. C’est dingue je n’aurais jamais cru que ça existait vraiment »
« Quoi donc Débo ? »
« Ce sont des âmes sœurs »
« Comment ça ? »
« Ils ne pourront jamais vivre l’un sans l’autre, et même s’ils se séparent, ils se retrouveront toujours réunis, décris-moi leurs tenues ».
« Le garçon avait un tee-shirt inscrit The Black Stone DarkStorm sur lui, les cheveux longs bruns, un piercing, un grand couteau noir avec des rivets, un bouc tressé, mais tu sais pour les raisons médicales que tu connais on a dû lui raser le bouc et coupé les cheveux et nous avons du aussi retirer les piercings quand au tee-shirt nous avons dû le découper avant l’intervention. La jeune fille a aussi un piercing, de longs cheveux blonds et lisse et aussi un tatouage sur les reins un visage je crois»
« Tu sais Mèl, je pense à cette nouvelle d’un écrivain connu, je suis sûre que le jeune homme avait des tendances destructrices et elle : salvatrices. Tous les opposent et pourtant elle a réussi à le sauver de la mort en te forçant à intervenir » Finalement ce magicien qui t’avait donné cette lettre les a sauvés par ton intermédiaire. »
« Oulaaaaa Débo, tu m'inquiètes, je ne sais pas ce que tu fumes mais il est temps d’arrêter. »
« Tu me fais confiance Mél ? »
« Oui Débo. »
Et nous passons le reste de la pause (trois heures) au téléphone. Je raccroche il est quatre heures du matin.


Je repasse voir mes tourtereaux, je réfléchis. Le professeur ne fait ses visites que vers 16 heures, cela me laisse donc 12 heures pour agir. Je prends la pancarte « risque sanitaire : Mlle Mélissa… » et la colle sur la porte. Personne ne viendra plus à part moi. Je rapproche les deux lits l’un contre l’autre et je leur joins leurs mains paume contre paume. J’éteins la lumière et ne laisse qu’une veilleuse.

Fabien aperçoit  sur la surface un petit rond, puis deux….Caroline aperçoit sous la surface aussi un petit rond… qui s’élargit. Fabien tend la main, Caroline plonge la main. Il saute, elle saute. Ils se retrouvent main dans la main, l'un agrippant l'autre.

Bonjour Toi,
Bonjour Toi
Ça va ?
oui et toi ?
oui
on a eu chaud


Je les regarde s'ouvrir à nouveau à la vie, c'est beau !

Ils sont allongés l’un à côté de l’autre et je les vois bouger. Ils se regardent….les yeux dans les yeux. Je leur parle mais ils ne m’entendent pas.

Je leur explique comment on les avait retrouvés et comment on les avait soignés jusqu’alors.

Débo m’avait dit que cela serait normal. Il est temps de les laisser ensemble. Je passe dans la pièce de surveillance pour jeter un œil sur eux tout en les laissant tranquilles.

Fabien regardait cette naïade comme si elle était issue des nimbes, ces cheveux blonds comme les blés et son regard ensorcelant brun avec des éclats émeraude. Telle la sirène sur son rocher, tout en elle l’attirait. Elle avait une chemise de l'hôpital qui lui faisait office de mini-robe.

Caroline regardait ce jeune homme en face d’elle, la peau lisse, les cheveux bruns courts, le regard chaud comme de la braise qui la dévorait tout entière, la chemise de l’hôpital le faisait ressembler à un dieu romain.
Fabien et Caroline s’observaient, se dévisageaient, ils fouillaient leurs mémoires pour trouver une trace respective l’un de l’autre. Mais rien, la seule chose de vrai était ce contact peau contre peau de leurs mains enlacées, que pour rien au monde ils n'auraient voulu rompre.


« Qui est tu ? » ils prononcèrent ces mots en même temps.

Fabien tend la main et touche la peau de Caroline, ses yeux brillent dans le noir. Doucement il lui caresse la joue, il ferme les yeux, hum la douceur d’une peau de pêche. Caroline tend aussi la main, et touche la joue de Fabien recouverte d’un fin duvet.

« J’ai l’impression de te connaître depuis toujours » dirent-ils en même temps.

Fabien s’assoit sur le lit la tête lui tourne, il ne lâche pas la main de Caroline pour autant. Il l’aide aussi à s’assoir à son tour, et se rapproche d’elle peu à peu, plus il s’approche et plus il se rend compte qu’il ne pourra jamais plus quitter cette femme. Elle pose ses mains sur ses épaules et les caresse doucement. Fabien  ferme les yeux et sa bouche s’entrouvre, il ressent un sentiment de plénitude qu’il n’avait jamais ressenti auparavant.

Caroline sent qu’elle pourrait rester ainsi à vie, proche de lui juste en lui touchant la peau simplement. Il l’attire comme un aimant, et elle ressent que cette attirance est réciproque. Elle ne le connaît pas et pourtant le voir ainsi devant elle, la bouche ouverte, confiant les yeux fermés prêt à s’offrir...

Soudain elle en veut plus, elle veut tout de lui, de lui dont elle ne connaît rien. Elle approche lui prend la bouche passionnément, elle glisse sa langue contre la sienne et lui montre ainsi clairement son envie. Lui ne dit rien et se laisse faire en soupirant, son sexe commence à se dresser sous la blouse. Caroline le remarque et soudain cela lui fait reprendre encore plus goût à la vie et à l’envie.

Elle le pousse sur le lit, il se laisse faire. Elle le prend en main, et commence une lente masturbation, elle pose sa bouche au bout de son sexe et le presse entre ses lèvres. Lui ne sait plus où il est, il n’est plus maître de la situation, il a l’impression que c’est la première fois que cela arrive et se laisse faire avec bonheur. Caroline de plus en plus chaude le masturbe de plus en plus, et enfourne son sexe en entier dans sa bouche, elle le caresse en même temps avec la langue.

Elle sent que son corps de femme réagit et s’écoule de plaisir pour lui, elle le veut et elle veut qu’il ne fasse qu’un ensemble pour ne jamais se séparer. Elle sait que cet inconnu lui appartient et lui réagit comme s’il était sien. Soudain, elle se redresse, et passe sur le corps de Fabien étendu, elle lui présente son dos et positionne son gland à l’entrée de son sexe brûlant.

Une fois le bout en elle, c’est comme ci le diable l’avait investi, elle se laissa choir sur son séant et se mit à bouger frénétiquement comme si elle était possédé par Sjofn déesse d'amour et de la passion .

Fabien toujours dans sa bulle de bonheur, retrouvait peu à peu les gestes ancestraux et accompagnait les mouvements de Caroline avec son bassin. De plus en plus vite, de plus en plus chaud, de plus en plus fort, ils atteignent ensemble le nirvana dans une extase sans nom. Fabien tel un geyser déverse sa semence dans le puit d'amour de Caroline enfin ils s'appartiennent.

Épuisée, Caroline reprenait son souffle lentement et Fabien était toujours en elle, les pans de sa blouse dans le dos s’étaient à peine ouverts et on entrevoyait une ombre. Il les écarte et voit un tatouage « Arwen ». Soudain tout lui revint en mémoire et il se reprend son passé en pleine face. Il l’appelle doucement « Caroline ? Caroline… »

Elle ne répond pas, et vient poser la tête sur son épaule et lui dit tendrement « Qui c’est Caroline ? L’infirmière ? » Elle se cramponne à lui et s’endort doucement. Fabien dans le noir garde les yeux ouverts pendant qu’il retrouve la mémoire. Non jamais plus il ne laissera son unique trésor. Quoi qu’il arrive, il la suivra jusqu’au bout. Peu à peu et un à un les événements lui revinrent en mémoire.

L'espoir la fin du tunnel

 

J’entendis un grand bruit, un fracas puis soudain le trou noir, impossible de réfléchir, de bouger, de remuer, seules mes oreilles fonctionnent et je ne pus qu’entendre des bruits. Une voix chaude, qui m’appellait :
  • Madame, madame…
 Rien à faire je n’arrivaise pas à ouvrir mes yeux. Je n’entendais qu’une voix claire de femme :
  • Elle est encore en vie, son pouls est normal, sa respiration aussi ! Tiens regarde Erwan, on dirait que ces yeux bougent.
  • Non Alex ! elle ne revient pas, regarde dans l’état où elle est, elle a dû cheminer des heures, ses pieds sont abîmés, et ses bas sont filés. Il va falloir la déshabiller pour l’examiner. Elle a une entaille à la cuisse, le visage tuméfié. Mais que lui est-il arrivée ? Que faisait-elle à cette heure-ci sur la route allongée ? Dire qu’on a failli la tuer bon sang !
Erwan et sa sœur avaient failli l’écraser. Elle gisait au milieu de la route, juste en jupe, un chemisier déchiré. L’état de ces pieds laissait à penser qu’elle avait dû marcher longtemps sans chaussures. Elle n’avait pas de sac ni de papiers sur elle, ni aucune indication de qui elle était, juste une chaîne avec des pendentifs.
Loin de tout, Erwan l’avait ramassée, emmitouflée dans une couverture chaude et portée jusqu’à son 4x4. Il l’avait allongée sur la banquette arrière avec autant de précaution et de douceur que s’il avait ramassé un ange blessé, un trésor. Il se sentait coupable, il n’arrivait pas à lui lâcher la main.
Erwan et sa sœur travaillaient à l’hôpital de St Nazaire. Alexandra était responsable du secteur de rééducation et kinésithérapeute et Erwan infirmier en réanimation.
  • Tu sais Frérot, on va l’amener à l’hôpital, je te promets qu’elle sera prise en charge rapidement aux urgences, nous connaissons tout le monde. Si tu veux je prends le volant et tu restes avec elle derrière.
J’entendais ces voix qui me reliaient à la vie mais je ne pouvais bouger. Je sentais qu’on me soulevait de terre délicatement. Je sentais aussi l’odeur d’un aftershave masculin boisé, un doux parfum enivrant qui m’apaisait. J’enfouissais ma tête dans son cou, pour le sentir encore plus fort. Ce devait être instinctif comme un besoin de protection.
Erwan s’installait à côté d’elle et posait délicatement sa tête sur ses genoux. Il lui caressait doucement les tempes. Alexandra prenait place au volant, et démarrait.
  • Doucement Alex, évite les trous !
Erwan passait et repassait sa main dans les cheveux bruns soyeux. Il regardait la joue, examinait de plus près le sang séché qui s’était étalé sur la joue de l’inconnue qui semblait apaisée ainsi.
Alex conduisait prudemment et regardait dans son rétroviseur son frère dont le visage était figé dans un masque de gravité. Jamais elle ne l’avait vu comme cela. Il était toujours taquin, rieur, plaisantin, mais là elle voyait sur son visage la peur.
J’étais bercée par des mains chaudes. Je me laissais aller de plus en plus. Je commençais à m’endormir.
Les lumières de l’hôpital se rapprochaient. Alex garait le 4x4 directement dans le sas. Il rentrait en courant chercher les brancardiers.
Erwan supervisait les opérations à grand renfort d’attention. Il était inquiet. Elle n’aurait pas dû avoir les membres aussi détendus. Elle était devenue comme une poupée de chiffon.
Lui avait déjà reconnu les prémices du coma. Il s’était déjà occupé de garder en forme des personnes comateuses en leur remusclant les membres.
Dans les jours qui suivirent, il venait la voir à travers la vitre. Finalement elle n’avait pas de graves blessures justes des contusions et de nombreuses fractures aux bras.
Il allait lui falloir beaucoup de courage et de rééducation. Pour son réveil, Erwan avait déjà établi un programme dans sa tête. Le tout était que l’inconnue se réveille enfin.
Au bout d’une semaine, toujours rien. Erwan se décidait à intervenir. Il convenait avec le médecin du service d’un protocole de réveil. Il s’agira pour lui de stimuler ses cinq sens pour sortir la belle inconnue de son coma.

« Nos cinq sens correspondent à des ouvertures par lesquelles nous recevons toutes les perceptions qui se transforment ensuite en conceptions, en idées » (Arnaud Desjardin)
Elle était là vulnérable face à l’altération de son niveau de conscience et dépendait de moi, de nous.  Souffrait-elle physiquement, psychiquement?  Ressentait-elle des émotions? Nous entendait-elle ? Autant de questions sans réponse !
J’étais sûr que je communiquais  avec elle mais sous quelle forme ? Par ma parole, mon toucher, ma présence, je savais au fond de moi que c’était essentiel. Je pensais que mon touché ne pouvait pas être que technique. Je me surprenais à caresser sa main. Nous nous posons toujours la question du toucher : Est-il  positif, sexuel, tabou,  vital, négatif,  essentiel,  réservé qu’aux proches? La vision sexuelle du toucher est la réponse d’un homme. On se heurte ici à une des réticences de la population en général à développer le sens du toucher puisqu’ils l’assimilent à une pratique sensuelle voire sexuelle. Le toucher implique pourtant un échange d’être à être avant tout. Il y a aussi le toucher-massage surtout utile en phase de réveil. Nous en étions peut-être plus loin. Personne ne pouvait prophétiser. Je me heurte souvent avec Alex qui prétend au monopole du massage par la profession de Masseurs Kinésithérapeute qui est exprimé par les soignants eux-mêmes. Ils pensent que cette pratique est interdite et ne fait pas partie du décret de compétence de l’infirmière ni de l’aide-soignante. Moi je pense que nous pouvons prodiguer ce genre de toucher-massage. Une chose était sûr on ne peut toucher sans être toucher. Cela peut sembler aller à l’encontre de la distance thérapeutique dans la relation soignant/soigné. Je me disais qu’elle ressentait peut-être ce genre d’attention que je lui portais. Mon attachement à elle grandissait de jour en jour. Je voulais espérait voir ses jolis yeux s’éclairer. Chaque matin j’étais là, je venais la voir, lui caresser la main. Personne ne s’était manifesté ! Avait-elle un mari ? De la famille? Elle devait avoir un enfant. Mon travail est dans un service  qui a pour particularité d’effleurer les limites avec la vie, et donc avec la mort. C’est un service qui fascine tout autant qu’il fait peur. Le mot « réanimation » est déjà porteur de significations surprenantes : il signifielittéralement « faire revenir à la vie ». Le mot latin « anima » signifie « l’âme et la vie , l’air et le vent, le souffle et l’haleine », « animare » signifie « donner la vie ou emplir d’air » et « réanimare », « redonner la vie »  Le terme anglais « ressuscitation » signifie quant à luitout autant résurrection que réanimation. D’une façon plus rationnelle, réanimer c’est mettre en œuvre des techniques destinées à contrôler les fonctions menacées (respiration, circulation…) notamment à l’aide d’un matériel suppléant ou recréant un ou plusieurs organes défaillants. Au milieu de toutes ces techniques de pointes et de cette agitation, se trouve cette être que je trouvais apaisé, serein. Elle était belle et je m’attachais de plus en plus.
Son comas était d’origine neurologique (état de mal convulsif, traumatisme crânien, accident vasculaire cérébral). La profondeur et la gravité du coma sont évaluées par l’équipe soignante, notamment par les infirmières, plusieurs fois par jour. L’évaluation est faite à l’aide de test de réactivité, comme par exemple le score de Glasgow  qui est fondé sur l’exploration de certains signes (ouverture des yeux, réponse motrice ou verbale) amenant à un score de 0 à 15. Un score inférieur à 8 marque le coma et un score inférieur à 5 signifie un coma grave. Une autre grille a été élaborée par l’équipe de Cerbère : la grille de Peyrefite (Colombel 1995), qui explore le comportement du patient pendant le coma et permet de prévoir son évolution, la qualité de son éveil et l’adaptation de la prise en charge.

J’avais des certitudes en moi. Je pense que dans le coma profond, le vécu psychique du patient doit être posé au moins comme une potentialité, même si l’on en doute. Le fait d’adhérer au vécu psychique du patient dans le coma va permettre de communiquer avec lui et impliquer une sollicitude : « cette sollicitude qualifie l’intérêt et l’attention du tiers à l’égard du patient, dont il admet ne pas saisir ce que celui-ci comprend, mais dont il est certain de son existence de sujet ».  Elle peut passer par la parole, qui se doit d’être investie, afin d’éviter les glissements liés à une parole instrumentalisée. « Je vais vous aspirer » peut être interprété par le patient d’une façon très violente. Il peut s’imaginer qu’une énorme machine va lui aspirer le corps tout entier ! La parole ne se réduit donc pas à « l’information, l’énonciation, l’explication, à un exercice pédagogique consistant à poser l’étiquette du mot sur la chose». Il est clair qu’investir cette parole n’est pas simple puisque « le tiers se trouve confronté à la difficulté de reconnaître, dans le réanimé, un interlocuteur ». Il faut accepter ne pas avoir de réponses. On parle bien « avec quelqu’un » mais ce quelqu’un est dans l’impossibilité psychique (coma) ou technique (intubation) de répondre. Cela me faisait mal de plus en plus. Je ne savais pourquoi j’étais attiré par cette femme. Et j’étais comme aimanter et allais vers elle.Je me disais que je lui apportais une dimension plus humaine à sa prise en charge : « En réa, le toucher passe après la parole. Je parle beaucoup aux gens même tout à faits endormis, inconscients. Parfois aussi je leur touche la main. Sans certitude qu’ils entendent, qu’ils perçoivent. Cela me permet au moins de me dire que je ne suis pas une machine qui donne des soins à une autre machine ».
J’étais vraiment pour cette école du « toucher-massage » qui permettait de développer la dimension humaine des soins  infirmiers, qui manque crucialement en réanimation. Ainsi, je venais  à sa rencontre du patient, uniquement dans le but de partager un moment. J’ avais bien compris ce sens puisque « le « toucher-massage » me permettait de l’approcher, sans lui faire mal, et sans avoir à lui faire de soins techniques ».  Il me semble que « faire mal » à un patient est très dur à accepter pour tous soignants. C’était d’ailleurs ce qui m’avait perturbé quand j’ai commencé. Je me suis rendu compte que les soins infirmiers étaient pour la plupart douloureux et je m’étais alors demandé, comment les rendre les plus agréables possible ? Ainsi, le « toucher-massage » proposait enfin un soin infirmier agréable à recevoir, mais également à pratiquer. On entre ici dans le principe de « pause active ».« les soignants se sentent plus motivés, valorisés et trouvent un sens nouveau à leur travail ». Outre de donner un sens nouveau à mon travail, le fait de proposer un massage à un patient, qu’il soit dans le coma ou en phase d’éveil, redonnait une dimension plus humaine à mes soins. Ainsi la prise en charge se centrait ici, sur elle dans ce cas particulier et non plus uniquement sur la maladie. Il serait peut-être même plus simple, pour certains infirmiers qui n’osent pas communiquer par la parole – Je souligne la difficulté de parler sans avoir de réponses – de prendre la main du patient et de la masser. Le simple fait de prendre conscience de cette main, du grain de sa peau, de sa température, amène à reconsidérer le patient non plus comme un corps objet, à qui on administre des soins, mais comme un sujet à part entière.
Attiré inexorablement par cette femme, je vivais   une chose forte, tellement au-delà des mots. Elle était intubée. Je lui touchais la main par exemple, j’effleurais son front ou je lui caressais un peu les cheveux en me penchant sur elle (pas trop, j’avais le masque, la blouse), et nous étions unies comme jamais. Dans cette précarité avec l’idée de la mort pas loin, la raison , la logique, les mots…étaient gommés. On avait quelques minutes devant nous mais on était hors du temps. Là j’ai pu vivre ma sensibilité à fond,  sans retenue, sans frontière, sans les limites habituelles, dans un abandon que je ne soupçonnais même pas avant mais de manière professionnelle mais des sentiments naissaient et ne me demandez pas pourquoi.

A SUIVRE


 

 

 

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